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Décrypter l’intelligence des chevaux

Depuis des siècles, les chevaux ont été perçus avant tout comme des outils de travail ou des partenaires sportifs, reléguant souvent leur intelligence à une simple question d’instinct. Pourtant, des études récentes en éthologie et en cognition animale révèlent que l’intelligence équine est à la fois complexe et spécifique. Elle va bien au-delà des stéréotypes, mêlant mémoire, sensibilité sociale et capacité d’apprentissage. Mais qu’entend-on réellement par “intelligence” chez les chevaux, et comment se compare-t-elle à celle d’autres espèces ?

Une étude menée par Lea Lansade et son équipe à l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) a démontré que les chevaux possèdent une mémoire sociale impressionnante. Lors d’une expérience, des chevaux ont été mis en contact avec des humains qui les traitaient différemment (de manière positive ou négative). Des mois plus tard, ces chevaux étaient encore capables de distinguer les personnes bienveillantes des autres, adaptant leur comportement en conséquence.

Cette mémoire sociale est essentielle dans les troupeaux, où le cheval doit reconnaître les membres dominants, les subordonnés et les alliés potentiels.

Une expérience menée par Linda Keeling à l’Université suédoise des sciences agricoles a exploré la capacité des chevaux à résoudre des problèmes pratiques. Dans cette étude, les chevaux devaient accéder à une nourriture cachée en actionnant des leviers ou des mécanismes simples.

Les chevaux ont montré une capacité à comprendre la relation entre leurs actions et les résultats. Bien que leur approche soit souvent moins “ludique” que celle des chiens ou des corbeaux, ils sont capables de persévérance et d’apprentissage par essais et erreurs.

Une étude réalisée en 2016 par Monamie Ringhofer et Shinya Yamamoto à l’Université de Kobe, au Japon, a révélé que les chevaux utilisent des signaux intentionnels pour solliciter de l’aide. Dans cette expérience, les chevaux communiquaient visuellement et tactilement avec les humains lorsqu’ils avaient besoin d’accéder à une nourriture hors de portée.

Ces comportements rappellent ceux observés chez les chiens, suggérant une capacité à s’adapter socialement aux humains et à comprendre les bases de la coopération interspécifique.

L’intelligence des chevaux est difficile à comparer entre espèces, car elle est souvent adaptée aux besoins écologiques et sociaux de chaque animal.

Ils disposent d'une mémoire sociale et cognitive très développée ainsi que d'une sensibilité émotionnelle leur conférant la capacité à lire les expressions corporelles humaines.

Jusqu'à présent, on pensait que les apprentissages devaient être exclusivement basés sur des routines et des signaux clairs. Rien n'est plus faux, car en utilisant un langage binaire basé sur le principe "oui" et "non", "mouvement" et "arrêt", "confort" et "inconfort", ils révèlent de surprenantes capacités cognitives.

Bien que les chevaux n’aient pas les mêmes capacités de manipulation gestuelle et préhensiles que les primates, leurs compétences à bien des niveaux rivalisent avec celles des singes. Une étude de Karen McComb, spécialiste de la cognition animale, a montré que les chevaux peuvent distinguer des expressions humaines positives et négatives et ajuster leur comportement en conséquence, une capacité que l’on pensait réservée aux primates.

A Kyoto, les expérimentations et les études du Professeur Matsuzawa ont révélé chez les chevaux des capacités cognitives qui associent la mémoire, la visualisation et la réflexion cognitive.

Les résultats sont stupéfiants et égalent ceux de nombreux primates.

Nous savons que les chevaux sont des “miroirs émotionnels”. Une étude menée par Amy Smith à l’Université du Sussex a révélé que les chevaux peuvent non seulement lire les expressions faciales humaines, mais aussi s’en souvenir. Si un cavalier les approche avec une expression de colère, même des heures plus tard, le cheval restera méfiant.

Selon les travaux de Temple Grandin, les chevaux, bien qu’incapables de verbaliser leurs émotions, ressentent celles de leurs cavaliers. Un cavalier stressé ou anxieux transmet cette énergie au cheval, amplifiant ses réactions de fuite ou d’agitation.


Des mythes à déconstruire, ce que l’intelligence des chevaux n’est pas !

Contrairement à l’idée répandue que le cheval “fait ce qu’on lui dit”, en réalité, il filtre les ordres en fonction de son état émotionnel et de sa confiance envers son cavalier.

Bien que leur instinct de survie soit puissant, les chevaux sont capables d’apprentissages complexes et d’interactions nuancées qui dépasse leurs seules attitudes liées à l'instinct.

L’intelligence des chevaux reste le fruit de leur évolution. En tant qu’animaux de proie vivant en troupeaux, ils ont développé une mémoire sociale et une perception fine des signaux émotionnels, qui sont des outils essentiels pour leur survie. Leur cognition ne doit pas être jugée à l’aune des capacités humaines ou canines, mais respectée dans sa singularité. Ils aiment apprendre lorsque l'environnement pédagogique s'avère motivant et confortable. A l'instar des humains, un cheval instruit devient plus intelligent autant dans ses aspects cognitifs qu'émotionnels. Osez la Basse-Ecole et la Haute-Ecole !

Tout reste lié et par l'expérience nous savons que les chevaux développent leur conscience analytique proportionnellement à leurs acquis cognitifs.

Ne les prenez surtout pas pour des "bêtes".


Décrypter l’intelligence des chevaux, c’est accepter qu’elle est différente mais tout aussi complexe que celle des autres espèces. En comprenant mieux leur cognition, nous pouvons transformer notre relation avec eux, passant d’une logique de domination à une collaboration véritable. Voilà tout l'enjeu de la transmutation du paradigme équestre qui doit résolument abandonner les principe de soumission par l'inconfort et par la douleur.

Osez l'intelligence du coeur et de la cognition. Les chevaux vous réserveront d'incroyables surprises.

Comme le disait Henry Beston, écrivain naturaliste : « Les animaux ne sont ni inférieurs ni supérieurs. Ils sont simplement autres, empruntant des mondes plus anciens et plus complets que le nôtre. »

La richesse de l’intelligence équine nous invite à ouvrir nos esprits à une nouvelle forme de dialogue, où l’écoute et l’observation priment, et où la véritable sagesse consiste à apprendre autant d’eux qu’ils apprennent de nous.

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck




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