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LA CAUSE FORMATIVE EN EQUITATION, ALLER A LA SOURCE

L’équitation contemporaine repose largement sur une approche techniciste, où la mécanique du mouvement et la biomécanique dominent l’analyse. Cavalier et cheval s’y retrouvent enfermés dans une vision fonctionnelle, réduisant la monture à un simple véhicule biologique, animé par des impulsions extérieures et dirigé par des stimuli codifiés. Cette conception mécaniste, héritée de l’ère industrielle, oublie un élément essentiel : la cause formative, c’est-à-dire le principe organisateur qui intègre les fondements de la conscience cognitive du cheval et qui définit la nature des interactions avec son environnement.

Les grands écuyers classiques ne disposaient pas des connaissances neuroscientifiques actuelles, mais leur pratique traduisait une compréhension intuitive des lois universelles du mouvement et de l’équilibre. La Guérinière, Baucher, Steinbrecht, ou encore Nuno Oliveira enseignaient une équitation centrée sur le relâchement, l’engagement et la conscience corporelle du cheval.

Sans les concepts modernes d’intelligence animale, ces maîtres avaient pourtant intégré une approche systémique, considérant l’animal dans sa globalité et non comme un simple assemblage de leviers et de ressorts. À travers l’observation et l’expérience, ils avaient compris que le cheval ne répond pas uniquement à des aides mécaniques, mais interprète et anticipe en fonction de son état émotionnel, de son équilibre et de sa relation avec son cavalier.

L’analyse biomécanique de l’équitation moderne découpe le mouvement en séquences articulaires, segmentant les fonctions sans véritablement les relier. Pourtant, la locomotion du cheval ne peut se réduire à un jeu de forces isolées, car chaque mouvement résulte d’une interaction dynamique entre langage, cognition, gravité, équilibre et perception sensorielle.

Comme tout mammifère, le cheval réagit aux stimuli proprioceptifs et vestibulaires pour organiser son mouvement. Son cerveau limbique, impliqué dans les réponses émotionnelles et l’apprentissage, module les ajustements posturaux bien avant l’intervention d’un ordre moteur strictement mécanique.

La gravité agit comme un vecteur structurant du mouvement : un cheval, mal équilibré par une posture contrainte, subit des compensations musculaires et articulaires qui engendrent des tensions chroniques.

L’équitation traditionnelle repose souvent sur le renforcement opérant : pression et relâchement conditionnent la réponse du cheval à un stimulus donné. Cette approche, bien que fonctionnelle, ignore les processus cognitifs complexes mis en lumière par les recherches modernes en éthologie et en neurosciences. Le renforcement positif ne peut se limiter à une friandise en récompense à une action réussie. A l'instar des humains, il potentialise son apprentissage par l'exacerbation de la grégarité. Autrement dit, sa générosité se révèle lorsqu'il se sent aimé.

Aucune friandise ne remplacera jamais le sentiment d'amour et de reconnaissance.

Des travaux récents, comme ceux de Konstanze Krüger et Andrew McLean, montrent ainsi que le cheval ne se contente pas de répondre mécaniquement aux aides : il anticipe, analyse et adapte son comportement en fonction de ses expériences passées et de son environnement.

L’intelligence du cheval, loin d’être limitée à un simple conditionnement, repose donc sur une mémoire associative riche, une capacité à résoudre des problèmes et une aptitude à interpréter les micro-signaux émotionnels et posturaux de l’humain. Le principe de résonance émotionnelle et morphique tient donc une place prépondérante dans la compréhension de l'esprit équin.

Temple Grandin, spécialiste du comportement animal, souligne que les mammifères perçoivent le monde à travers des schémas sensoriels et émotionnels, bien plus que par des enchaînements réflexes.

Dans la pensée alchimique et philosophique, la cause formative précède la matérialisation d’un phénomène. Elle représente le principe invisible qui structure la réalité. Appliqué à l’équitation, ce concept implique que chaque mouvement, chaque posture, chaque réponse du cheval ne surgit pas spontanément d’une action extérieure, mais prend racine dans une conscience profonde qui actionne une dynamique intérieure d’équilibre et de perception.

Les maîtres classiques, sans le formuler en ces termes, avaient perçu cette loi : un cheval ne se redresse pas parce qu’un cavalier tire sur une rêne, mais parce que l’organisation de son corps permet ce redressement en réponse à une mise en équilibre cohérente. Toute action imposée, déconnectée du principe formatif naturel, génère une opposition et une altération du mouvement fluide.

L’équitation alchimique, loin d’une mystique ésotérique, repose sur une compréhension des forces invisibles structurant le mouvement : l’intention, la respiration, la gravité, l’énergie projetée dans l’espace.

L’équitation moderne, en se concentrant sur des codes mécaniques et des aides segmentées, a brisé le dialogue naturel entre le cavalier et le cheval. Pourtant, un échange cognitif fondé sur l’écoute et la réciprocité permet de reconstruire une relation fluide et intuitive.


Le langage équestre cognitif repose sur plusieurs piliers :

  1. L'alignement des consciences du cavalier et du cheval

  2. La lecture des micro-signaux : observer et interpréter les ajustements posturaux et les réponses émotionnelles du cheval.

  3. La création d'un langage cognitif qui induit une adaptation progressive des demandes.

  4. L’intégration du ressenti énergétique : le cavalier doit apprendre à travailler avec la perception proprioceptive et la synchronisation respiratoire.


Ces principes permettent de dépasser le schéma linéaire « ordre-réponse » pour entrer dans un véritable dialogue corporel et émotionnel.

La cause formative du mouvement ne peut être dissociée de l’état mental et physique du cavalier. Une équitation de pleine conscience implique une présence totale dans l’instant, une écoute du cheval sans interférence mentale ou physique.

Les cavaliers formés à cette approche travaillent sur :

  • L'abolition de tout matériel coercitif et aliénant engendrant inconfort voire douleur.

  • Le contrôle de leur activité mentale car chaque pensée induit une résonance émotionnelle.

  • Le relâchement musculaire pour éviter les tensions parasites.

  • L’attention flottante et constante permettant d'ajuster la coordination motrice.

  • L’harmonisation du souffle et du rythme pour guider le cheval dans une fluidité naturelle.


L’équitation ne peut plus se limiter à une application mécanique de techniques figées. La compréhension moderne des sciences du mouvement, des neurosciences et des principes cognitifs du cheval impose un changement de paradigme.

Un chemin alternatif s’ouvre à chaque cavalier, celui de l'éveil à la cause formative : observer au lieu d’imposer, écouter au lieu de contraindre, ressentir au lieu d’agir mécaniquement.

Redonner au cheval son intelligence et sa conscience, c’est réconcilier l’art équestre avec les lois universelles du vivant.

Retrouvez une analyse détaillée de cette approche dans mon livre :

400 pages de réflexions, d'études et d'expérimentation afin de changer le regard et la conscience des cavaliers.


Pour les cavaliers désirant un accompagnement dans cette démarche, une formation est disponible en ligne :


Le futur de l'équitation est en marche.

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck




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