La pleine conscience : entre phénomène de mode et discipline alchimique
La pleine conscience, concept devenu omniprésent dans nos sociétés modernes, est souvent réduite à des séances de relaxation, de méditation passive ou à une évasion de l’instant présent. Si ces pratiques peuvent apporter un apaisement temporaire, elles manquent la plupart du temps de profondeur et de structuration pour s’inscrire dans une réelle transformation intérieure.
Appliquée à l’équitation, la pleine conscience ne peut se limiter à un simple état contemplatif. Elle nécessite un engagement et des exercices actifs spécifiques visant à travailler la conscience permanente des sens, l’intelligence et la perception, tant pour le cavalier que pour sa monture. Il s'agit d'un véritable art martial de chaque instant pour le mental.
Historiquement, ces pratiques trouvent leur origine dans la voie de la chevalerie, enrichie par les traditions alchimiques, où la présence est une quête exigeante et non une rêverie.
La popularité actuelle de la pleine conscience repose largement sur une vision édulcorée, adaptée à un public en quête de détente rapide. Des applications mobiles aux séances de groupe, la pleine conscience est trop souvent présentée comme un remède universel. Or, cette approche manque d’efficacité, car elle évite la confrontation avec l’effort mental actif, pourtant indispensable à une transformation durable.
Selon Jon Kabat-Zinn, fondateur de la réduction du stress basée sur la pleine conscience (Mindfulness-Based Stress Reduction, 1979), la pleine conscience consiste à “porter intentionnellement son attention sur l’instant présent, sans jugement”. Ce principe est fréquemment mal interprété comme une invitation à l’évasion plutôt qu’à une discipline rigoureuse.
Attention également, car une relaxation passive n’engage ni l’intellect ni la volonté, deux piliers pourtant essentiels pour une pratique équestre de haute exigence.
La pleine conscience adaptée à l’équitation nécessite une série d’exercices mentaux actifs. Il ne s’agit pas de simplement “être dans l’instant”, mais d’aiguiser ses perceptions, d’ajuster ses actions et de créer une résonance avec son cheval. La présence ici devient un art en soi, nécessitant un engagement total.
Chaque geste, chaque intention du cavalier doit être pensé, ressenti et calibré en fonction de la réponse du cheval. Comme le disait Nuno Oliveira, “le cheval est le miroir de votre âme”. Toute distraction mentale ou émotionnelle se reflète immédiatement dans l’attitude de la monture.
Ces pratiques incluent des techniques de respiration consciente, d’analyse de la posture et de la coordination, et un travail sur les émotions du cavalier pour qu’elles n’interfèrent pas avec le langage équestre.
Le résultat se trouve diamétralement opposé au principe de "laisser filer le mental", de regarder le flux des pensées qui apparaissent et qui passent. Le mental doit être sous contrôle afin de contenir le flux incessant des pensées et des émotions dans le but de contrôler le principe de résonance émotionnelle. A défaut, cela fonctionne pour créer un moment d'apaisement avec le cheval mais ne fonctionne pas pour s'engager sur le chemin de la Haute-Ecole.
Les vrais exercices de pleine conscience utilisés aujourd’hui en équitation trouvent une partie de leur inspiration dans la voie de la chevalerie médiévale. Les Templiers, par exemple, pratiquaient des exercices de concentration et de présence pour aligner leur esprit, leur corps et leur monture dans un cadre martial ou rituel.
Selon les textes médiévaux, la chevalerie visait à dominer non seulement l’adversaire, mais d’abord ses propres pulsions et son esprit. Cela passait par des exercices d’attention, de posture et de méditation active.
Les Templiers, influencés par des courants mystiques chrétiens mais également par des échanges avec les chevaliers arabes, ancêtres des soufis, voyaient dans l’équitation un outil d’élévation spirituelle. La maîtrise du cheval devenait une métaphore de la maîtrise de soi, un principe repris dans les écrits alchimiques ultérieurs.
Les traditions alchimiques, souvent associées à la quête spirituelle des chevaliers, prolongent cet idéal. Elles enseignent que la véritable présence ne s’acquiert pas dans la passivité mais dans un processus actif de transformation, d’expérimentation et d’apprentissage.
Cet état de conscience ne s'improvise pas. Il ne peut être acquis par des rêveries improvisées. Il résulte d'exercices séculaires particuliers.
Seul sans le cheval :
• Exercices de respiration consciente
• Exercices alchimiques de cohérence cardiaque
• Exercices de respiration inversée
• Exercices de respiration fractionnée
• Exercices de postures et de coordination motrice
• Exercices alchimiques de contrôle des pensées et des émotions
Avec le cheval d'abord au sol puis en selle :
• Exercices d'alignement des consciences à l'arrêt
• Exercices d'alignement des consciences dans le mouvement
• Exercices de communication intuitive
• Apprentissage et mise en place d'un langage zoosémiotique cognitif
Tout cela n'a rien à voir avec les rêveries et séances de relaxation qui fleurissent de toute part.
Mon cheminement personnel a commencé par l'équitation de tradition jusqu'à la Haute-Ecole. Dans le même temps, j'ai travaillé les voies alchimiques des voies internes (compréhension et travail actif sur la conscience). Puis l'étude de l'intelligence animale, du langage interespèce et de la zoosémiotique. Une formation d'hypnothérapeute m'a permis de découvrir les arcanes des neurosciences.
Alors je m'insurge contre ce phénomène de mode ou l'on voit de pseudos formateurs qui ont lus deux livres plus ou moins ésotériques, qui s'intéressent au bouddhisme car c'est à la mode et vendent du rêve basé la plupart du temps sur de l'anthropomorphisme. Et toujours pas de Haute-Ecole en vue ...
La Haute-Ecole représente un art alchimique. Elle représente la transmutation des forces brutes du cheval en une danse harmonieuse où chaque mouvement est porteur de signification. Cela induit l'apprentissage d'une authentique langue "cheval".
Loin de “jouer” avec le cheval, il s’agit de construire un chemin de progression partagée. Comme le soulignait François Baucher : “le cheval instruit l’homme autant que l’homme instruit le cheval”.
La pleine conscience adaptée à l’équitation se trouve diamétralement à l'opposé des méditations passives à la mode. Elle s’ancre dans une discipline active, exigeante et transformative, héritée des chevaliers et enrichie par les traditions alchimiques et les neurosciences.
Avant même de lire les traités équestres, il faut commencer par lire Eliphas LEVI, Nicolas FLAMEL, Patrick RIVIERE, Patrick BURENSTEINAS, Rupert SHELDRAKE, Louis-Claude de SAINT-MARTIN pour ne citer qu'eux.
Puis apprendre à "parler cheval" avec un enseignant expérimenté formé au langage zoosémiotique.
Puis travailler la coordination motrice à pied et en selle pour entrer dans la pratique opérative du langage équestre.
Et enfin, travailler avec des écuyers ayant une réelle connaissance de l'équitation de tradition française pour ouvrir le chemin de la Basse-Ecole puis de la Haute-Ecole.
Définitivement, l'équitation ne s'improvise pas.
Les chevaux souffrent en silence par l'ignorance, l'impatience et la mercantilité des cavaliers.
Comprenne qui pourra.
Francis Stuck
un texte bien articulé qui touche à l’essentiel, la priere du Coeur.