top of page

La rectitude en équitation par le langage binaire cognitif

La rectitude en équitation est une notion fondamentale dans la quête de l’harmonie entre le cavalier et le cheval. Elle ne se limite pas à une simple correction posturale, mais engage des dimensions physiques, cognitives et émotionnelles. Ce texte propose d’explorer la rectitude sous l’éclairage du langage équestre binaire cognitif et de l’équitation de pleine conscience. En nous appuyant sur les travaux de scientifiques, chercheurs et philosophes équestres comme François Baucher, Jean-Claude Racinet et plus récemment les perspectives modernes de la pleine conscience, nous chercherons à comprendre comment ces approches enrichissent la pratique équestre.

La rectitude est définie classiquement par la capacité du cheval à se mouvoir sur une ligne droite ou courbe avec une symétrie parfaite, tant dans ses appuis que dans son impulsion. Cette symétrie est une quête centrale dans l’art équestre. François Baucher parlait d’une « égalité de forces » entre les deux côtés du cheval, prérequis à une véritable légèreté.

Jean-Claude Racinet, dans L’Art de l’Équitation Légère, soulignait que l’absence de rectitude ne mène pas seulement à des asymétries physiques mais déséquilibre également le mental du cheval. Cela entraîne des résistances, nuisant à la fluidité et à la confiance dans le couple équestre.

La rectitude se traduit également par une relation interespèce franche, fluide et respectueuse.

D'un point de vue de la biomécanique équine, des études contemporaines (Clayton, 2004) montrent que la rectitude améliore non seulement la performance mais réduit aussi le risque de blessures en répartissant équitablement les efforts sur le système locomoteur.

Le langage équestre binaire cognitif repose sur l’idée que le dialogue entre le cavalier et le cheval peut être réduit à des messages simples et clairs, similaires au fonctionnement binaire d’un ordinateur (oui/non, gauche/droite, confort/inconfort). Ce concept, inspiré des neurosciences, vise à simplifier les signaux pour éviter toute confusion chez le cheval. Il fait appel aux capacités cognitives du cheval en intégrant la notion de discernement dans le langage. Cette approche intègre également l'idée de séquences courtes. Dans le cas de la rectitude, on demande au cheval de se positionner dès l'arrêt dans une posture rectiligne. Pour tous les chevaux, il s'agit d'un effort d'ajustement de sa posture. Car à l'instar des humains, ils vont naturellement tenter de retrouver leur posture de confort empreinte de l'asymétrie naturelle, cette même asymétrie qu'une équitation savante tend à corriger.

Pour cela, la correction de l'attitude se fait dès la première foulée. Puis on s'arrête dans une rectitude parfaite au bout de 3 ou 4 pas. Nous agissons comme lorsque nous apprenons à écrire à un jeune enfant. Il commence par écrire des lettres individuelles jusqu'à ce qu'elles soient bien formées. L'apprentissage des syllabes et des mots vient ensuite.

D'un point de vue pédagogique, la démarche d'apprentissage est similaire pour le cheval. Il est contreproductif de marcher durant de longs tours de manège avec un cheval qui ne se tient pas droit. Les corrections que l'on opère dans le mouvement sont alors souvent incisifs et exacerbent l'instinct de fuite du cheval par l'inconfort produit et par la multitudes de signaux émis dans un mouvement long.

Alors que de petites séquences de quelques foulées qui augmentent progressivement seront infiniment plus constructives d'autant plus qu'à chaque arrêt, un "check" délicat de validation à droite ou à gauche du garrot confirmeront au cheval la bonne exécution du mouvement. C'est cela le langage binaire cognitif, un langage fractionné qui s'enrichit progressivement, qui fait appel à l'intelligence cognitive du cheval et à sa mémoire. Cette notion induit également la suppression des contraintes matérielles qui provoquent de l'inconfort. Le poids des rênes suffit alors à la mise en main. Le cheval doit rester libre de mouvement afin d'agir par son intention directe en réponse à des signaux quasi-imperceptibles et non à des gestes arbitraires. Nous utilisons la finesse et la richesse des aides issues de la pratique de l'équitation de tradition française. Seuls changent l'esprit et la conscience de l'action équestre.

Nous unifions ainsi la tradition avec les apports des sciences de l'intelligence et de la cognition animale.

Les travaux de Temple Grandin sur la communication animale montrent que les animaux répondent plus efficacement à des signaux clairs, associés immédiatement à une validation par la voix associée à un code gestuel doux (check) directement lié aux boutons de contact qu'utilisent les chevaux pour leur communication intra-espèce au sein du troupeau.

L’usage de ce langage binaire cognitif permet de clarifier les demandes pour instaurer une rectitude progressive. Le cheval, moins parasité par des informations arbitraires voire contradictoires, peut mieux intégrer les ajustements nécessaires à sa posture et à sa symétrie. Il appartient bien évidemment au cavalier d'acquérir et d'intégrer un alphabet précis du langage équestre afin de ne pas transformer son cheval en roi de la devinette et de la déduction...

L’équitation de pleine conscience, inspirée des travaux de Jon Kabat-Zinn propose d'associer au travail l’observation fine et continue du rythme, de la respiration, des tensions musculaires et plus généralement des réactions subtiles du cheval.

La pleine conscience aide le cavalier à percevoir non seulement les déséquilibres physiques mais aussi émotionnels. Linda Kohanov, dans Le Tao du cheval, explique comment les chevaux captent intuitivement les états émotionnels humains. Une équitation consciente permet de transformer ces états en énergie constructive pour établir la rectitude.

Des études comme celles de McGreevy et McLean (2009) sur l’apprentissage équin montrent que le stress réduit l’apprentissage. La pleine conscience, en réduisant le stress du couple, favorise une rectitude durable et naturelle.

La combinaison du langage binaire cognitif et de l’équitation de pleine conscience offre une voie unique pour appréhender la rectitude :

Par une progression pédagogique rationnelle et cognitive, le langage binaire permet une progression méthodique et mesurable.

La pleine conscience affine la capacité du cavalier à sentir les nuances invisibles dans le mouvement.

En ce sens, très vite, l'intention anime un geste réduit à sa plus discrète expression.

Le langage binaire et cognitif considère le cheval comme un partenaire intelligent et non comme un Être biomécanique à formater. Cela change toute la démarche équestre.

Et la pleine conscience autorise une connexion qui ouvre peu à peu une voie d'échange tendant vers une communication intuitive entre deux espèces qui alors se comprennent mutuellement.

Comme le disait Racinet : « Le cheval droit est un cheval en paix. »

Cette paix résulte d’un dialogue conscient et intelligent ainsi que d’une attention bienveillante et respectueuse, essence même de l’art équestre.

Les mystères des secrets des grands maîtres de l'équitation se dévoilent peu à peu sous l'éclairage de la science et de l'ouverture de conscience.

Tout cela s'apprend désormais en commençant par abandonner le paradigme de la soumission, en changeant son regard sur le cheval et en apprenant un langage cognitif structuré associé à l'équitation de tradition française.

Comprenne qui pourra.


Francis Stuck




Comentarios

Obtuvo 0 de 5 estrellas.
Aún no hay calificaciones

Agrega una calificación
Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page