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Exploration des états de conscience partagés dans la relation homme-cheval

Quand la science confirme ce que ressentent les cavaliers

Depuis toujours, de nombreux cavaliers témoignent de moments uniques où ils se sentent profondément connectés à leur cheval. Des instants de silence habité, de gestes à peine esquissés suivis d’une réponse parfaite, ou encore cette impression que le cheval « sait » ce que l’on ressent. Jusqu’à présent, ces expériences restaient dans le registre du sensible ou de l’intuition. Une étude récente, menée en 2024 auprès de 33 cavaliers, vient leur donner une première assise scientifique.

 

L’objectif de cette enquête consistait à recueillir des données concrètes sur ces instants de résonance que beaucoup vivent mais que peu osent nommer. L’étude a exploré les notions de reconnaissance, d’anticipation, d’interaction émotionnelle et de communication intuitive entre les chevaux et leurs partenaires humains.

 

Parmi les répondants, 94 % sont propriétaires de leur cheval et près de 80 % assurent eux-mêmes son entretien quotidien. Ces chiffres traduisent un lien constant, intime, qui dépasse le cadre d’un simple usage sportif ou ponctuel.

 

Tous affirment que leur cheval les reconnaît individuellement. Cette reconnaissance ne se limite pas à la voix ou à l’odeur, mais s’étend à des comportements spécifiques : des hennissements doux, des regards focalisés, une attention particulière dans certaines situations. Ce phénomène est par ailleurs  aujourd’hui bien documenté dans les travaux scientifiques sur la mémoire sociale du cheval.

 

Plus marquant encore : 85 % des cavaliers déclarent avoir la sensation que leur cheval perçoit leurs pensées ou intentions. 82 % rapportent que leur cheval anticipe les demandes, parfois avant toute sollicitation physique. Des témoignages illustrent cela par des allures modifiées à la seule intention mentale ou des gestes spontanés du cheval (comme tendre le licol) dans une logique de coopération volontaire.

 

Ce type de réponse ne peut être réduit à un simple dressage : il s’agit d’une lecture corporelle fine, probablement liée à une perception incarnée de l’humain. Autrement dit, le cheval ne se contente pas de réagir, il semble interpréter ce que nous ressentons ou pensons à un niveau subtil.

 

Plus de la moitié des participants rapportent des signes d’affection clairs (contacts prolongés, suivis silencieux, front contre front), et 45 % ont observé des attitudes protectrices de la part du cheval dans des situations jugées potentiellement dangereuses. Certains chevaux ont même réagi à des états émotionnels forts ou à des événements humains (maladies, deuils), en modifiant radicalement leur comportement.

 

Ces témoignages suggèrent que le cheval capte non seulement les signaux visibles, mais aussi des informations subtiles,  émotionnelles ou physiologiques qu’il traduit par une attitude adaptée. Ce phénomène rejoint les observations en médiation animale, où la sensibilité du cheval est reconnue comme un levier thérapeutique.

 

Une large majorité des participants (76 %) croient donc possible une forme de communication intuitive qu’ils décrivent comme la transmission d’images mentales, d’intentions, ou d’émotions. Si ces expériences restent subjectives, elles demeurent suffisamment nombreuses et cohérentes pour ouvrir des chemins d'exploration scientifique.

 

Tous les répondants s’accordent sur un point fondamental : la performance équestre ne dépend pas seulement du physique ou du matériel, mais aussi et peut-être avant tout de la qualité de la relation, de la confiance mutuelle et surtout du niveau de présence consciente du cavalier.

 

Ainsi,  97 % des cavaliers ont déjà fait le choix de se laisser guider par leur cheval, dans un renversement volontaire de la hiérarchie traditionnelle. Ce choix ne relève ni de la passivité ni d’un abandon de responsabilité, mais d’un respect de l’intelligence du cheval et de sa capacité à proposer, à co-construire l’interaction.

 

Beaucoup d'attitudes relationnelles restent empreintes d'anthropomorphisme car très peu de participants connaissent aujourd’hui des notions comme la zoosémiotique (étude du langage non verbal interespèce) ou le langage cognitif socio-sensible. Pourtant, leurs témoignages en incarnent intuitivement les principes. Cela révèle un décalage entre les savoirs académiques émergents et les pratiques empiriques et paradigmatiques à l’œuvre sur le terrain.

 

En conclusion, les résultats de cette étude montrent que le cheval représente bien plus qu’un exécutant. Il est un partenaire sensible, doté d’une mémoire sociale, d’une conscience perceptive et relationnelle ainsi que d’une intelligence cognitive. Il est capable de lecture fine des intentions, d’affection sincère, d’anticipation comportementale, voire de réactions face à l’invisible.

 

Ces constats ne doivent pas rester anecdotiques. Ils appellent une transformation profonde des pratiques équestres :

  • en abandonnant les matériels coercitifs,

  • en cultivant une relation fondée sur la conscience, l’écoute et la coopération,

  • en valorisant les capacités cognitives et émotionnelles du cheval comme leviers de progression.

 

Cette évolution n’est pas une rupture avec la tradition, mais au contraire elle permet d'ouvrir de nouveaux chemins de compréhension et de pratique équestre. En éclairant l'Equitation de Tradition à la lumière des sciences contemporaines, nous pouvons bâtir une équitation plus juste, plus respectueuse, plus humaine et infiniment plus efficiente. Car le respect permet l'écoute, induit la confiance et potentialise la générosité naturelle et les performances équestres.

Francis Stuck

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