Comment les chevaux perçoivent-ils leurs cavaliers
Dans le vaste univers sensoriel des chevaux, chaque nuance du monde qui les entoure devient un message. Le cheval, en tant qu’animal de proie, a développé au fil des millénaires une capacité exceptionnelle à capter les vibrations du vivant, qu’elles soient physiques ou émotionnelles. Il ne “voit” pas seulement ce que nous faisons ; il ressent surtout ce que nous sommes.
Le cheval entend au-delà de nos capacités humaines, captant des sons dans une plage de fréquences étendue. Mais plus qu’une simple réception de bruit, son ouïe est un mécanisme d’interprétation : le ton d’une voix, même subtilement teinté de stress ou de douceur, influence son comportement. Chaque mot, chaque souffle porté par un cavalier est une clef qui ouvre ou ferme des portes dans son esprit.
Avec des yeux positionnés latéralement, le cheval dispose d'une vision panoramique qui lui permet de surveiller son environnement à tout moment. Mais son regard n’est pas seulement un outil de vigilance ; il est aussi un miroir. Les cavaliers qui regardent leur monture avec des intentions claires et bienveillantes créent un lien immédiat. À l’inverse, un regard inquiet ou impatient génère de la méfiance.
La peau du cheval est si sensible qu’elle détecte des variations infimes de pression ou de température sur son corps. Une main posée avec respect transmet calme et confiance, tandis qu’un contact brusque ou hésitant évoque de l’agitation. Les pressions des jambes, les mouvements du corps en selle : tout est perçu, amplifié, et interprété dans une symphonie tactile.
Le cheval est un véritable baromètre émotionnel. Il détecte la tension, la joie, ou l’agitation intérieure de son cavalier, même si ces états ne sont pas visibles à l’œil nu. Il ne juge pas ces émotions mais les perçoit telles des vibrations et les reflète dans son comportement, devenant ainsi un miroir vivant de notre état intérieur.
Le cheval perçoit le corps humain comme une carte énergétique. Une posture rigide signale de la résistance, un déséquilibre trahit une confusion intérieure, tandis qu’une attitude détendue et alignée parle de confiance. La posture physique demeure inséparable de la posture mentale : un cavalier ancré dans ses intentions inspire respect et coopération.
Chaque interaction avec un cheval est précédée par un “flux énergétique”. Le cheval ressent l’état vibratoire de son cavalier avant même qu’un geste ne soit effectué. Une énergie chaotique perturbe son équilibre, tandis qu’une énergie douce et cohérente ouvre un espace de sécurité et de connexion.
Ils sont des maîtres dans l’art de lire les intentions. Lorsque le cavalier sait exactement ce qu’il attend, le cheval le suit avec confiance. À l’inverse, des attentes floues ou contradictoires créent un mur d’incompréhension. La clarté des intentions bâtit le pont entre les deux êtres.
Les chevaux communiquent entre eux par le biais d’émotions et d’intentions, bien plus que par des signaux physiques. Ce mode de communication s’étend également aux humains. Lorsque nous sommes en présence d’un cheval, nos émotions deviennent une “onde” qu’il capte instinctivement. La cohérence émotionnelle est donc primordiale : si nos gestes disent “avance”, mais que nos émotions disent “je doute”, le cheval répondra au doute.
Ils sont de véritables thérapeutes. Ils nous obligent en permanence à confronter nos états intérieurs et à les harmoniser pour établir une connexion véritable.
La notion de “résonance morphique”, introduite par le biologiste Rupert Sheldrake, propose que tous les êtres vivants partagent un champ informationnel subtil. Les chevaux, grâce à leur sensibilité, semblent particulièrement connectés à ce champ. Ils captent les intentions et l’énergie non seulement de leur cavalier immédiat, mais aussi de leur environnement élargi.
Ainsi, l'action équestre n’est pas seulement un acte physique ou technique, c’est une immersion dans un champ partagé. Lorsque le cavalier est aligné avec son cheval au niveau émotionnel et énergétique, une “fusion morphique” se produit, permettant une interaction presque télépathique. C'est l'apanage des cavaliers "éveillés", des maîtres.
Avant tout geste, apprenez à observer le cheval : sa posture, sa respiration, ses micro-mouvements. Entrez dans son espace avec respect, comme vous entreriez dans une pièce où quelqu’un médite.
Prenez le temps de vous recentrer. Respirez profondément, calmez votre esprit, contrôler votre mental et vos émotions. Votre tranquillité deviendra une invitation à la coopération.
Utilisez des gestes simples, précis, et cohérents. Chaque mouvement doit avoir un but. Cela renforce la confiance du cheval et réduit son stress.
Ne cherchez pas à “dominer” ou à “contrôler” le cheval. Soyez avant tout une présence rassurante, un guide avec lequel il veut collaborer. La relation doit être fondée sur le respect mutuel et non sur la contrainte.
Proposez sans exiger. Soyez des gentilshommes ou des nobles dames.
Les chevaux, dans leur nature intuitive et sensible, nous invitent à un voyage intérieur. Ils ne répondent pas à ce que nous prétendons être, mais à ce que nous sommes réellement. Ils nous apprennent l’importance de l’authenticité, de la clarté, et de l’harmonie. Ils nous enseignent non seulement comment mieux interagir avec eux, mais aussi comment mieux interagir avec nous-mêmes et avec autrui.
Le chemin vers une relation authentique avec un cheval n’est pas une simple technique ; c’est une transmutation. À chaque rencontre, ils nous rappellent que le véritable dialogue ne commence pas par des mots, mais par un alignement de deux consciences.
Comprenne qui pourra.
Francis Stuck
Tout est simplement mais magnifiquement dit !
Merci...
J'ai la grande chance de m'être en pratique en animant des séances d'equicoaching avec ces partenaires incroyables que sont les chevaux.
Sandrine Baudry
Magnifiquement bien dit. Merci!
l’action équestre…… une immersion dans un champ partagé. C’est ça.
Exactement mon expérience ! Merci pour les mots!