top of page

L'ABSENCE DE CLAVICULE CHEZ LE CHEVAL ET SES CONSEQUENCES SUR LA RESPIRATION PAR LE TRAVAIL SUR LES EPAULES

La clavicule, os situé entre le sternum et l’épaule chez la plupart des mammifères, joue un rôle essentiel dans le transfert des forces, la stabilisation du membre antérieur et l’amplitude des mouvements. Chez les animaux dotés de clavicules fonctionnelles, comme les humains ou certains primates, cet os stabilise la ceinture scapulaire, permettant une meilleure articulation et une dissociation entre les mouvements des bras et du torse.

Dans le cas des quadrupèdes, la clavicule a disparu ou s’est atrophiée au fil de l’évolution, permettant une adaptation pour la course ou la traction. Chez le cheval, l’absence de clavicule optimise la mobilité de l’omoplate, favorisant une foulée allongée et une locomotion fluide. Cependant, cette adaptation engendre des spécificités biomécaniques importantes, notamment dans le travail sur les épaules.

Sans clavicule, le cheval repose sur une structure suspendue : la ceinture scapulaire flotte, uniquement soutenue par un complexe de muscles, tendons et ligaments.

Cette configuration implique plusieurs conséquences dans le travail sur les épaules.

Avec l'absence de point de fixation rigide, l'omoplate ne s’articule pas directement avec le squelette axial (colonne vertébrale). Elle repose sur un système musculaire complexe, notamment le muscle dentelé ventral, qui joue un rôle fondamental dans le soutien et la suspension du tronc. Lors du travail sur les épaules, une surcharge mal équilibrée crée une pression excessive sur ce système, augmentant le risque de tension musculaire et de douleurs.

L’absence de clavicule limite la transmission directe des forces entre les membres antérieurs et le squelette axial. Lorsqu’un cavalier charge les épaules du cheval (par exemple, par une mauvaise posture, un équipement inadapté ou en forçant une posture antagoniste), les muscles de la région scapulaire et thoracique compensent, provoquant des déséquilibres fonctionnels. Ces adaptations affectent la locomotion, réduisent l’efficacité et augmentent la fatigue.

Une surcharge des épaules impacte la capacité respiratoire en comprimant la cage thoracique, réduisant l’amplitude de la respiration. Les muscles impliqués dans la suspension scapulaire, sollicités à l’excès, interfèrent avec les muscles respiratoires, notamment le diaphragme. Cette situation entraîne une diminution de l’apport en oxygène, une acidification du sang et des tensions globales dans l’organisme.

L’acidification du sang perturbe l’équilibre des électrolytes et des processus biochimiques nécessaires à la contraction et à la relaxation musculaire par l'accumulation d’acide lactique. Lors d’efforts physiques intenses ou mal préparés, l’acide lactique s’accumule dans les muscles en raison de la dégradation incomplète du glucose. Cela engendre des douleurs musculaires, des crampes et une réduction de la capacité à maintenir un effort prolongé.

On observe une diminution de la fonction musculaire car un pH acide diminue l’efficacité des enzymes responsables de la production d’énergie (cycle de Krebs). Les fibres musculaires perdent alors leur capacité à se contracter de manière optimale, réduisant la force et l’endurance du cheval.

Une acidose prolongée provoque une inflammation des tissus musculaires, augmentant le risque de micro-déchirures et de fibroses, qui limitent la souplesse et la mobilité.

L’acidification du sang affecte également les tissus conjonctifs, essentiels à la locomotion du cheval.

Un environnement acide réduit la production de collagène, protéine essentielle pour la santé des tendons, des ligaments et des articulations. Cela fragilise ces structures, augmentant le risque de blessures, comme les tendinites amplifiées par ailleurs mécaniquement par la surcharge des épaules.

L’acidose favorise la libération de médiateurs inflammatoires qui accélèrent la dégénérescence articulaire, notamment dans les disciplines impliquant des mouvements répétitifs ou des impacts élevés (saut d’obstacles, cross).

L’acidification du sang, souvent exacerbée par des postures comprimant les voies respiratoires (par exemple de longues sessions de travail en avant avec une tête basse), perturbe les échanges gazeux au niveau des poumons.

La posture contrainte réduit l’amplitude respiratoire, augmentant la rétention de dioxyde de carbone dans le sang. Cette accumulation accentue l’acidification et limite l’oxygénation des tissus.

Le cheval éprouve alors une difficulté croissante à récupérer après un effort, car le déséquilibre acido-basique compromet l’efficacité des muscles respiratoires.

Le pH sanguin influe directement sur l’activité du système nerveux central et périphérique. Les déséquilibres électrolytiques induits par l’acidose ralentissent les impulsions nerveuses, affectant la coordination et la précision des mouvements.

Les chevaux subissant une acidification chronique montrent souvent des signes d’irritabilité, de nervosité ou de léthargie, liés à un inconfort physique prolongé.

Le pH sanguin interagit avec le pH global de l’organisme, y compris celui du tube digestif. Une acidose métabolique aggrave les déséquilibres du microbiote intestinal, augmentant la production de gaz et le risque de coliques.

Les processus enzymatiques responsables de la digestion et de l’absorption des nutriments fonctionnent mal en environnement acide, ce qui engendre des carences énergétiques et vitaminiques.

Un pH acide diminue l’efficacité du système immunitaire car les globules blancs, essentiels pour combattre les infections, perdent en efficacité dans un environnement acide.

Une acidification chronique favorise des inflammations systémiques, réduisant la capacité du cheval à se remettre d’efforts ou de blessures.

Un cheval en état d’acidose chronique adopte souvent des postures compensatoires pour soulager son inconfort. Ces adaptations, bien qu’instinctives car liées au système nerveux autonome, entraînent des déséquilibres supplémentaires.

Une raideur généralisée, souvent associée à des compensations musculaires, réduit l’amplitude des mouvements et la fluidité des transitions.

L’effort pour maintenir un équilibre physiologique optimal épuise rapidement le cheval, limitant sa performance et augmentant les risques de blessures.

Pour compenser l’absence de soutien osseux rigide, lors d'un travail prolongé dans des postures traumatiques, le cheval utilise des mécanismes adaptatifs. Ces compensations, souvent subtiles mais constantes, entraînent des tensions chroniques dans les muscles du dos, des épaules et des postérieurs. À long terme, elles augmentent les risques de blessures articulaires, tendineuses et musculaires.

Les membres antérieurs supportent environ 60 % du poids du cheval au repos. En surchargeant les épaules, l’équilibre naturel se rompt, réduisant la propulsion des postérieurs et limitant les capacités locomotrices. Cela affecte particulièrement les disciplines exigeant un engagement dynamique, comme le dressage ou le saut d’obstacles.

Chaque cavalier devrait agir en conscience de cet élément qui semble désuet au regard du gabarit et de la puissance du cheval mais dont les effets s'avèrent lourds de conséquences.

L’absence de clavicule impose donc une vigilance accrue sur l’équilibre du cheval. Les exercices favorisant l’engagement des postérieurs et le relèvement du thorax permettent de réduire la pression sur les épaules.

Nous comprenons d'autant mieux l'ineptie d'un paradigme qui prône le travail en avant et la tête basse durant de longues séquences aux trois allures.

Si Steinbrecht dans le Gymnase du cheval avait souligné l'importance de ces exercices d'extension d'encolure qui permettent de potentialiser les allures naturelles du cheval, il n'a jamais été question d'en faire un dogme paradigmatique reposant sur une sourde ignorance de l'anatomie fonctionnelle du cheval.

Plus que jamais, le cheval doit pouvoir travailler dans une posture libérée et naturelle, lui permettant de maintenir un alignement optimal.

Il s'avère infiniment plus important de renforcer les muscles de soutien, notamment ceux du dos et des abdominaux qui aident à réduire la surcharge des épaules. Les exercices spécifiques d’assouplissement et de musculation progressifs contribuent à un équilibre global mais ils s'avèrent inconnus pour bon nombre de cavaliers.

Ainsi, l’absence de clavicule, bien qu’adaptative pour la locomotion naturelle, rend le cheval particulièrement vulnérable aux déséquilibres dans le travail sur les épaules. Une approche respectueuse et informée, combinant observation attentive, ajustement de l’équipement et exercices adaptés, s’impose pour préserver la santé et la performance de l’animal. Cette compréhension approfondie rappelle l’importance d’une équitation éthique et scientifique, respectueuse des particularités anatomiques du cheval.

Comprenne qui voudra.


Francis Stuck






Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page