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L'HARMONIE INVISIBLE QUE L'ON OUBLIE D'APPLAUDIR

Dans le monde équestre, les projecteurs restent systématiquement braqués sur l’exploit spectaculaire. Le public applaudit l'action biomécanique, la capacité du cavalier de maitriser un animal puissant, l'amplitude du geste. Peu importe le breuvage, pourvu que le public ait l'ivresse. Et tant pis si les chevaux souffrent dans le silence de leur âme meurtrie et de leur corps poussé à l'excès. Pourtant, le bon sens élémentaire permet à tout cavalier d'évaluer le niveau de confort ou de coercition des méthodes et des matériels utilisés.

Ces gladiateurs des temps modernes volent la lumière à ces cavaliers de l'ombre dont les foulées restent ignorées. Nous parlons de ces passionnés qui, après tant de luttes, créent une harmonie profonde avec leur cheval, transmutant les tensions, les incompréhensions et les conflits.


Ils travaillent dans la discrétion et dans le secret de leur écurie à établir une alliance basée sur la confiance et voient leur réussite ignorée parce qu’elle ne correspond pas aux codes du spectaculaire⁠⁠. Ils apprennent à observer les méandres spéculatifs de leur propre mental, à contrôler les flux de la résonance émotionnelle, ajustent et alignent leur propre conscience et deviennent ainsi la preuve vivante que l’équitation de pleine conscience ouvre la voie à une relation éthique, subtile et épanouissante, bien au-delà de la logique de soumission ou de la simple performance technique⁠⁠⁠⁠.

L’équitation de pleine conscience propose cet autre chemin, la voie du silence et de l'introspection. Elle invite à dépasser le rapport de domination pour entrer dans une danse où chaque être, cheval et humain, conserve son intégrité tout en s’accordant à l’autre. Ici, nous ne parlons plus de soumission, mais de résonance, de présence partagée, d’écoute et de respect mutuel. De simple exécutant, le cheval devient alors un partenaire sensible dont l’état émotionnel et la perception influencent directement la qualité de la relation et la réussite des exercices⁠⁠⁠⁠. La communication se fait alors par un langage cognitif sociosensible, sans artifices, sans coercition et par des codes gestuels minimalistes. Nous nous adressons à son intelligence et à sa sensibilité. Rien de spectaculaire en apparence car tout se passe dans la transcendance. Et pourtant dans le secret de son intériorité, l'esprit du cavalier exulte dans une joie indescriptible, ces mêmes émois que nous éprouvons lorsque nous entrons en communion avec l'universalité, ou nous ressentons l'essence de la liberté totale et de l'amour absolu. Aucun geste, aucun mouvement ne peut traduire ces sentiments accompagnés des plus vives émotions de bonheur.


"Facile" disent les détracteurs pour qui seul existe le geste visible.

"Foutaise" disent d'autres qui comme Saint-Thomas ont besoin de voir pour croire.

Et pourtant, combien de ces cavaliers pérorant se trouvent en proie à des difficultés techniques liées à la résistance de leur cheval ? Précisons que résistance signifie tension et rupture du lien qui unit les consciences du cavalier et de son cheval.

"Avec l'ignorance commence la violence" dit l'adage.

L'exigence de soumission apparait alors avec les dissonances harmoniques et ouvre les chemins de la coercition.

Il existe pourtant un autre chemin, celui de l'équitation consciente associée à l'intelligence cognitive.


En interrogeant les cavaliers, tous disent:

"En selle je suis conscient de chacune de mes actions, donc je pratique l'équitation consciente."

"Que veulent ces comiques qui se prennent pour des sages ?" pensent-ils.

Justement, tu es dans la "lettre et non dans l'esprit". Tu es focalisé sur la finalité du geste, la posture physique du cheval, ses foulées ... comme si les chevaux avaient besoin des humains pour se déplacer dans l'espace. Mais quelle erreur tragique !

Sois aligné avec ton cheval, apprend à communiquer avec lui, à t'aligner sur ses fréquences cérébrales et à lui faire confiance.


François BAUCHER disait : "Demander et laisser faire".

• Demander signifie initier un signal, une intention.

• Laisser faire signifie relâcher, permettre au cheval de répondre librement, sans contrainte.


Et pourtant, au XIXème siècle, nous ne connaissions pas encore la nature des arcanes scientifiques de l'esprit du cheval.

BAUCHER fut précurseur et visionnaire. En ce sens il est d'un modernisme absolu, à condition d'en comprendre l'esprit.

Aujourd'hui, les témoignages abondent de la part de cavalières et de cavaliers qui racontent comment la pratique de la pleine conscience transforme leur relation avec leur cheval. Les gestes deviennent plus doux, les intentions plus claires, le dialogue, même silencieux, devient l’expression d’une harmonie profonde. Lorsque le cavalier cultive la Présence, l’écoute et l’attention, le cheval manifeste des comportements de confiance, de curiosité et de synchronisation. Et il potentialise sa générosité et ses performances.

À l’inverse, des expériences scientifiques ont révélé qu'un cavalier préoccupé, distrait ou tendu engendre du retrait, de la distance et une moindre coopération de la part de l’animal⁠⁠⁠⁠.

Le neurosciences expliquent parfaitement ces effets de résonance.


Frédérique témoigne :

"Que de changements depuis mon entrée en formation. Une joie d accéder à cette connaissance, je trouve des clés enfin pour faire confiance à mon cheval et me faire confiance et j'éprouve un sentiment d appartenance sécurisant. Moi aussi je potentialise mon instinct grégaire grâce à des émotions positives qui sont générées par des expériences qui prennent sens."


Pourtant, ces harmonies, fruit d’un travail patient et d’une attention quotidienne, restent invisibles aux yeux du grand public, qui préfère souvent applaudir de pseudo performances techniques entachées de souffrances animales⁠⁠.

En cette période charnière ou la science nous révèle la vérité de la conscience équine, nous observons la tendance à l'utilisation de matériels dits "éthologiques".

Quand bien même l'intention demeure louable et que le matériel semble plus doux, la logique de contrôle, de pression et de dominance subsiste bien souvent.

Combien utilisent un side-pull et continuent à tirer sur les rênes ... et à battre des jambes pour mettre "le cheval en avant" alors qu'en réalité ils le mettent en fuite et en défense.

Ne confondons pas "nous mettre en accord avec notre conscience" et "communiquer en conscience". Voilà deux notions totalement différentes.

Le maillon qui unit ces deux locutions se nomme "intelligence émotionnelle" et il appartient à chacun individuellement de le construire et de le souder.

Osons donc célébrer ces foulées invisibles, ces victoires silencieuses où l’harmonie se construit dans l'unité des consciences interspécifiques, du respect, de la patience et de l’écoute. Car c’est là que naît la véritable magie du couple cheval-cavalier, dans le berceau de la quintessence équestre.

Comprenne qui pourra.


Francis STUCK




 
 
 

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