VERS UNE COMPREHENSION GLOBALE DE LA CONSCIENCE DU CHEVAL
- Francis Stuck
- 25 sept.
- 4 min de lecture
L’éthologie décrit ce que le cheval fait et pourquoi cela « marche » pour lui dans un contexte donné.
La cause formative interroge comment la conscience du cheval se structure, se modifie et oriente l’émergence des comportements.
Beaucoup de comportements dits « déviants » résistent aux approches classiques quand l’analyse s’arrête à l’expression comportementale et n’explore pas la source formatrice.
La perspective alchimique nous invite à lire la source et non la surface.
Par « principe alchimique », nous ne parlons ni d’ésotérisme ni de fabulation médiévale, mais d’une méthode de lecture globale à niveaux multiples. Elle vise l’étude des principes qui organisent le vivant depuis la source, là où interagissent des « fragments de conscience originelle » qui animent toutes formes, espèces et processus.
Ainsi pouvons-nous nous placer dans une vision systémique afin de relier physique, physiologie, affectivité, cognition et relationnel dans une seule écologie de la conscience.
La lecture stratifiée permet de distinguer la surface (comportement), de la dynamique (émotion, motivation, stress) et des sources (organisation profonde de la conscience, intentionnalité, cohérence interne).
En finalité, nous remontons alors aux conditions formatrices du comportement pour agir là où se décident les possibles, plutôt que sur l’expression déjà cristallisée.
Nous touchons ainsi la conscience qui n’est pas un bloc uniforme. Elle fluctue selon des états et des rythmes neuro‑physiologiques.
Elle évolue en permanence au gré des états de vigilance et des fenêtres de tolérance. La capacité d’apprentissage, de relation et de régulation émotionnelle dépend d’un niveau d’activation d'un état de conscience optimal tant pour l'humain que pour l'animal.
Le niveau de conscience induit la nature des fréquences vibratoires cérébrales. Leurs variations accompagnent les bascules d’état attentionnel, de détente, d’hypervigilance ou d’intégration. Identifier les causes des changements et altérations éclaire pourquoi un protocole fonctionne un jour et échoue le lendemain.
En conséquence pratique, il nous appartient de travailler d’abord sur l’état de conscience adapté, puis seulement sur la forme du comportement. La qualité d’état prime sur l'action mécaniste.
Des pratiques très anciennes déjà attestées en Égypte il y a plusieurs millénaires, exploraient déjà l’influence des états de conscience sur le soin. Au XVIIIe siècle, Franz‑Anton Mesmer réhabilitait une partie de cet héritage sous le thème du « magnétisme animal ».
Il permit de redécouvrir ’hypnose non verbale, qui lorsqu'elle est rigoureuse et éthique, offre une voie d’accès douce aux états de conscience favorables à la régulation et à l’intégration.
En équitation, elle facilite le retour au calme, diminue les réponses de défense, ouvre des fenêtres d’apprentissage et restaure des patterns relationnels plus calmes et disponibles.
Il ne s'agit pas d'hypnotiser l'animal, mais d'apprendre à adapter notre propre état de conscience afin de co‑réguler une qualité de présence où le système du cheval peut se réorganiser.
Avant d'agir sur l'animal, nous devons agir sur nous-mêmes.
De cette manière, nous créons les conditions d'une synthèse qui permet d'élargir notre regard et d'aller systématiquement vers la cause formative qui nous invite à une compréhension globale.
Réunir éthologie, émotions, esprit profond, rythmes cérébraux et hypnose non verbale permet alors une lecture intégrative car nous ciblons la source qui organise la conscience plutôt que les symptômes.
Cette adaptation s'effectue en trois temps :
1. Stabiliser l’état de conscience individuel et interespèce. Nous optimisons alors l'instinct grégaire du cheval et construisons un statut de référent sécuritaire. La respiration, le tonus postural, la distance juste et l'attention partagée deviennent les symptômes d'une relation intelligente et collaboratrice.
2. Potentialiser la plasticité cérébrale tant de l'humain que de l'animal en développant un langage interspécifique adapté à cet alignement de conscience. Ainsi pouvons-nous briser le paradigme de la soumission.
3. Ancrer la nouvelle relation consciente par des micro‑séquences motrices simples, cohérentes avec l’état, répétées dans la disponibilité, puis généralisées.
Le comportement n’est alors plus « corrigé » de l’extérieur par une action mécaniste car il devient la conséquence naturelle d’une conscience mieux organisée.
En neuroscience, les neurones miroirs expliquent cela parfaitement bien.
En intégrant à nos études les recherches sur les champs morphiques, nous comprenons l’émergence des formes et des articulations comportementales au sein du vivant. Dans cette perspective, l’« irrationnel » apparent chez l’humain comme chez l’animal trouve alors une logique lorsqu’on replace le comportement dans un champ d’influences global non réduit à la mécanique stimulus‑réponse.
Si pour l’humain, tout est conceptualisable, argumentable et contre-argumentable, pour l’animal, tout est objectif et factuel. Si l’état interne change, la forme comportementale suit, simplement et clairement.
Les animaux deviennent alors des indicateurs fidèles de la qualité du champ relationnel et de la cohérence des états de conscience en présence.
Par ce raisonnement, nous découvrons des implications pratiques pour l’équitation :
- Prioriser l’état de conscience avant l’exercice : absence de sécurité perçue = apprentissage fragile ou défensif. N'oublions jamais que le geste n'est que la traduction de l'intention, elle-même liée à l'état de conscience.
- Soigner les transitions d’état : entrer, rester, sortir d’un exercice avec fluidité vaut mieux que « tenir » une allure coûte que coûte.
- Développer la co‑régulation : présence, rythme, regard, souffle, toucher, distance, intention.
- Ritualiser l’intégration : micro‑pauses, relâchements, étirements, broutage contrôlé, marche en main détendue. Longes et rênes ne doivent jamais être tendues !
- Éthique et responsabilité : toute technique d’influence des états de conscience doit viser le bien‑être, la sécurité et l’autonomie du cheval, sans emprise ni coercition subtile dans un but de potentialisation de l'instinct grégaire.
Nous comprenons ainsi que la cause formative demeure la clef d’une équitation vraiment globale. Elle ne nie ni l’éthologie ni l’émotion, elle les englobe et les aligne sur une compréhension plus profonde des états de conscience. En travaillant la source, l’organisation vivante à l'origine de toute la phénoménologie, l’entraînement cesse d’être une gestion de symptômes pour devenir un accompagnement de la vie vers plus de cohérence, de calme et de disponibilité. Alors, le comportement juste émerge comme une évidence, parce que l’état qui le rend possible est, lui aussi, devenu juste.
Comprenne qui pourra.
Francis Stuck
































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